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Précarité énergétique

Précarité énergétique
Interview d'Aurore Bonneau du SIEEEN au sujet de la précarité énergétique
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… Aurore Bonneau, animatrice de l’énergie au SIEEEN

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Quels constats pouvez-vous établir sur la précarité énergétique en Nièvre, aujourd’hui ?

Nous constatons de plus en plus de détection de la part des travailleurs sociaux notamment. La crise énergétique actuelle a des répercussions sur le budget des ménages en situation de précarité. Le prix du gaz flambe, celui du fioul a presque doublé et celui de l’essence progresse à la hausse. Certains ménages basculent progressivement dans une situation de précarité énergétique. D’autres veulent changer rapidement de mode de chauffage parce qu’ils ne vont plus pouvoir assumer les coûts pour leur chauffage au gaz ou au fioul. En Nièvre, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, 25 % des ménages sont en situation de précarité énergétique. Ce chiffre ne tient pas compte des invisibles ! 19 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui veut dire qu’ils disposent de revenus mensuels inférieurs à 1 102 € et certains consacrent plus de 10 % de leur budget à l’énergie et la mobilité. Nous avons rencontré, par exemple, une personne âgée dont la facture de propane est de 600 € par mois alors qu’elle a une retraite de 1 300 €. La situation est inquiétante d’autant que nous voyons de plus en plus de jeunes en situation de précarité.

Vous faites des visites préventives pour sensibiliser et accompagner les ménages nivernais en situation de précarité énergétique. Que retenez-vous concrètement de leur situation ?

Depuis 2013, le SIEEEN et l’ALEC réalisent des visites à domicile. Mais, sur la période hivernale 2021-2022, nous avons été confrontés à la privation des ménages. Plusieurs familles vivaient dans un logement dont la température variait entre 8° et 12°. Cette réalité est la même chez des personnes âgées que nous avons rencontrées. La température n’excédait pas 14° dans leur habitation. Ces ménages se privent de chauffage pour pouvoir se nourrir, se véhiculer et investir un peu dans leur santé. Or, vivre dans un logement parfois indigne, dégradé, humide, a des répercussions sur la santé des adultes comme des enfants. Nous avons connu un hiver rude en Nièvre et pour de nombreux ménages, le budget mensuel de chauffage représentait 200 € en moyenne ! Il faut retenir que deux tiers des logements sont classés E, F et G et sont très mal isolés avec de fortes déperditions thermiques. Avec les hausses à venir du coût de l’énergie, nous risquons de connaître, en Nièvre, une situation plus que problématique...

Comment les élus et les collectivités du territoire se mobilisent-ils pour mieux lutter contre la précarité énergétique ?

Il existe plusieurs dispositifs que les ménages peuvent solliciter pour être aidés et accompagnés tels que le fonds Précarité énergétique FNAME, le Fonds Solidarité Logement (FSL) et le fonds d’avance Procivis SACICAP pour les travaux de rénovation énergétique. Une communication plus importante est nécessaire, aujourd’hui, pour mieux sensibiliser, informer et détecter les ménages en situation de précarité énergétique. Certaines EPCI ont créé des relais locaux de proximité, c’est le cas à la communauté de communes Haut Nivernais-Val d’Yonne et Cœur de Loire en mettant à disposition l’un de leurs agents pour détecter et accompagner les ménages. Le Secours catholique mobilise ses bénévoles localement. Presque toutes les communautés de communes abondent au fonds Petits travaux. Leurs représentants participent aux commissions mensuelles du FNAME. Nous faisons de la communication sur nos actions auprès des acteurs sociaux et des collectivités de la Nièvre. Avec les crises économiques récurrentes, la situation en Ukraine actuellement, il nous faudra une plus forte mobilisation sur le territoire. L’idéal serait de créer un réseau de proximité avec une personne dédiée à l’accompagnement des ménages détectés. Ces personnes pourraient jouer également le rôle de relais dans les échanges avec les artisans, les démarches administratives, notamment. La lutte contre la précarité énergétique est un enjeu majeur du territoire. Nous allons convier les acteurs du territoire à la deuxième édition de la Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique, le 24 novembre prochain. Grâce à ce type d’événement, nous pouvons remobiliser élus, acteurs sociaux, associations et institutions du territoire.