Rencontre avec... Ampera E-moto et Électriciens sans Frontières

• Thomas Anthoine, chef de projet Ampera E-Moto,
• Pascal Pronot, responsable des partenariats et de la communication chez Électriciens Sans Frontières,
• et Charlotte Bernard, directrice du SIEEEN.

Concrètement, à quoi a servi l’aide que le SIEEEN vous a accordée ?

Thomas Anthoine : Le SIEEEN a été l’un de nos premiers partenaires. Nous avons pu nous appuyer sur sa crédibilité pour solliciter des collectivités et des entreprises privées au niveau local. Pouvoir nous appuyer sur l’image et l’expertise du SIEEEN, c’est un véritable atout ! Nous avons signé une convention de partenariat, en 2021, avec une aide financière de 5 000 €. Celle-ci nous a permis de développer notre premier prototype, qui a nécessité un investissement de 20 000 €. Nous avons pu acheter du matériel et fabriquer une batterie. Nous optimisons, aujourd’hui, notre kit rétrofit qui remplit la plupart de ses objectifs. Le renouvellement de la convention de partenariat avec le SIEEEN va nous permettre d’acquérir de nouveaux composants et de fabriquer une nouvelle batterie. À terme, nous espérons commercialiser ce kit fabriqué en Nièvre, en France. Nous nous orientons vers un kit rétrofit standardisé susceptible de s’adapter à tout véhicule motorisé de loisir ainsi qu’aux tracteurs tondeuses. Nous ciblerons en priorité les particuliers, les demandes sont déjà existantes…

Quel bilan pouvez-vous faire du projet « Agir pour le développement social à Topkli, au Togo » ?

Pascal Pronot : C’est un projet phare pour notre ONG car il a été réalisé dans un environnement sans électricité ni eau salubre. Le village de Topkli abrite 600 habitants dont 150 enfants. Les femmes et les enfants devaient parcourir 3 km, chaque jour, pour récupérer une eau insalubre dans un marécage, cause de nombreux problèmes de santé. Grâce à une étude hydrologique, nous avons découvert une importante poche d’eau salubre à 120 mètres de profondeur, à Topkli. L’entreprise locale Leader Forage a été chargée des travaux et le 24 décembre 2021, l’opération était terminée. Un beau cadeau de noël pour l’ensemble des villageois ! Un système électrique de pompage a été installé pour amener l’eau à une fontaine. En réduisant les corvées quotidiennes, les enfants peuvent être scolarisés et les femmes bénéficier d’un temps d’alphabétisation. L’école et le logement de l’enseignant disposent, aujourd’hui, de l’électricité. Nous avons utilisé 22 000 € des 30 000 € d’aide du SIEEEN pour ce projet. 8 000 € ont été investis dans une action de formation de futurs électriciens au Burkina Faso. Grâce à ce partenariat, nous avons pu fabriquer également un moulin à huile de palme électrique alimenté par un groupe électrogène. Cet outil améliore la production d’huile. Le village devient, ainsi, autosuffisant et peut vendre une partie de son huile afin de créer une cagnotte pour l’entretien des installations et financer en partie un emploi de fontainier. Nous avons équipé la place du village de lampadaires solaires pour dynamiser la vie sociale nocturne. Le village a décidé de créer un marché local. Un collectif a été constitué pour gérer le pompage de l’eau et l’installation photovoltaïque. Deux personnes ont été formées à la maintenance de premier niveau. Nous avons réservé 2 % de l’aide du SIEEEN pour la pérennisation des équipements. Cette somme servira, en partie, au remplacement des batteries, d’ici cinq ans. Le suivi des installations se fait par le biais de fiches qui nous sont adressées tous les trois mois. C’est au final un vrai projet humanitaire dans lequel tout un village s’investit pour mieux vivre !

Qu’est-ce qui a incité le SIEEEN à devenir partenaire de l’ONG Électriciens Sans Frontières et de l’association nivernaise Ampera E-moto ?

Charlotte Bernard : Ces conventions de partenariat étaient la volonté de la précédente direction du SIEEEN. En 2019, comme d’autres syndicats d’énergie de la Région, le SIEEEN est devenu partenaire d’Électriciens Sans Frontières pour trois ans afin de soutenir un projet de développement au Togo, d’une part. D’autre part, un second partenariat de deux ans a été signé avec l’école nivernaise de l’ISAT pour l’Electric Car afin de soutenir la fabrication d’un véhicule de rallye 100 % électrique en 2019-2020. Ces projets ont été bien gérés. Nous avons été informés du développement et nous avons reçu un bilan précisant l’utilisation qui avait été faite des aides financières consenties. Les élus ont apprécié la gestion sérieuse des projets et ont souhaité renouveler leur confiance à Électriciens Sans Frontières pour les 3 ans à venir et soutenir le projet de l’association Ampera E-Moto de concevoir une moto 100 % électrique nivernaise par un ingénieur de l’ISAT, pour l’année 2022.