article content:

Electricité

Electricité
Responsable des partenariats et de la communication, chez Électriciens Sans Frontières
Electriciens sans Frontières

Rencontre avec... Pascal Pronot

Pascal Pronot

Pouvez-vous nous présenter brièvement Électriciens Sans Frontières ?

Électriciens Sans Frontières est une association créée il y a trente-six ans. Notre mission première est d’apporter l’électricité et l’eau aux populations qui ne seront pas raccordées à un réseau dans les dix années à venir. Nos initiatives ont pour but d’améliorer les conditions de vie et d’aider à développer les cultures vivrières, grâce à un accès plus facile à l’eau et l’électricité. C’est l’ADN de notre association. J’insiste, toutefois, sur le fait que nous avons fait le choix d’agir avec les populations. Nous ne faisons pas à leur place, mais avec elles. Grâce à cette approche, nous avons la certitude que la mission aboutira, que les installations seront effectivement utiles à la communauté et qu’elles seront entretenues dans la durée. Nous pérennisons nos installations pendant dix ans. Nous assurons le suivi, nous formons des électriciens et des personnes aux installations dédiées à l’eau. Ils sont compétents, ainsi, pour les dépannages de premier et deuxième niveaux. Pour les réparations plus lourdes, nous nous déplaçons et fournissons les pièces nécessaires. Nous œuvrons pour le bien-être de la communauté. Nous privilégions l’électrification des bâtiments collectifs comme les écoles, les dispensaires, les mairies ainsi que le pompage des puits, entre autres. Nous électrifions les cases des instituteurs et des infirmières afin qu’ils restent en poste pour faciliter le développement social des villages qui nous sollicitent.

Quel bilan pouvez-vous faire du projet mis en œuvre à Topkli, au Togo ?

Nous avons amené de la joie, du confort de vie aux habitants de Topkli ! Nous avons réalisé un forage le 24 décembre dernier pour que les villageois aient de l’eau propre. Auparavant, ils devaient se rendre à plus de 4 km pour récupérer une eau très sale dans une mare. Aujourd’hui le puits et l’école ont de l’électricité. Nous avons installé deux lampadaires solaires sur la place du village afin de permettre aux habitants de développer des marchés nocturnes. Nous avons construit, également, un moulin à huile de palme. L’extraction archaïque ne permettait d’obtenir que 20 % d’huile de la production. L’opération nécessitait une consommation importante de bois, avec des conséquences sur la santé des gens et la pollution de l’environnement. Avec son nouveau moulin à huile, le village peut extraire plus de 60 % d’huile de sa production. Les villageois revendent le surplus de production sur les marchés. L’argent est réinvesti dans le suivi des installations. Dans les dix ans à venir, le village de Topkli pourra changer les batteries de ses installations en utilisant ses fonds propres. Nous retenons le plaisir de la population d’avoir un accès facilité à l’eau et à l’électricité. Comme les salles de classe sont éclairées, les femmes du village peuvent participer aux cours d’alphabétisation du soir. Il est vrai que ce projet bouscule un peu l’organisation sociale du village, mais, le bienfait social, économique et éducatif est bien là !

Que retenez-vous du partenariat avec le SIEEEN ?

La confiance que nous accorde le SIEEEN dans la gestion des projets que nous initions mérite d’être saluée. Malgré la période difficile de la pandémie de covid-19, qui a limité nos déplacements, le Syndicat n’a jamais remis en cause son soutien à notre association. La relation avec les élus est excellente, ils se sont montrés enthousiastes lorsque nous leur avons présenté les projets que nous souhaitions développer au Togo. Il y a une réelle volonté d’aider, une solidarité forte. Comme la convention de partenariat entre le SIEEEN et Électriciens Sans Frontières est triennale, nous disposons d’une vision à plus long terme pour la conduite de nos projets. Nous savons que chaque année, nous avons 10 000 € du Syndicat. Nous pouvons monter, ainsi, plus facilement nos opérations et trouver d’autres financeurs. Pour notre prochain projet à Agotimé, au Togo, nous avons réuni 80 000 € sur les 130 000 € nécessaires. En 2024, si nous manquons de fonds, nous pourrons investir 10 000 € que nous donne le SIEEEN afin de réaliser une partie d’un projet. Ce partenariat nous permet de travailler sereinement en ayant une perspective à long terme. Il faut du temps pour éduquer une communauté au bon usage de l’électricité et de l’eau, lorsqu’elle y accède plus facilement. Nous apprécions la démarche solidaire internationale du SIEEEN, elle démontre une approche intelligente. En nous finançant sur trois ans, nous pouvons prendre ce temps nécessaire pour faire avec les populations, leur permettre de s’approprier les installations et de les pérenniser.