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Premier vice-Président du SIEEEN, en charge du suivi du dossier Précarité énergétique
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RENCONTRE AVEC... Pascal Renard

precarite

En 2013, la stratégie énergétique départementale a fait de la lutte contre la précarité une priorité.
Quel bilan peut-on faire neuf ans plus tard ?

Le SIEEEN et le Conseil départemental de la Nièvre ont co-élaboré la stratégie énergétique de la Nièvre, en 2013. Celle-ci est mise en œuvre depuis 2014 et nous poursuivons les actions pour lutter contre la précarité énergétique de façon pérenne. Les montants engagés, à travers différents dispositifs, représentent un investissement de 513 000 €, soit une aide de 2 500 € par dossier, en moyenne.

Le SIEEEN apporte également un soutien financier au fonds Précarité énergétique FNAME (30 000 €), au Fonds Solidarité Logement (FSL, 30 000 €) et participe à hauteur de 100 000 €, versés en trois fois, au fonds d’avance Procivis SACICAP. Il met à disposition, par ailleurs, des moyens humains en finançant le mi-temps de la directrice de l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat (ALEC) ainsi que son ambassadeur de l’énergie pour soutenir les actions de l’ALEC.

Des pourparlers sont en cours avec la Fondation Abbé Pierre. Elle pourrait faire bénéficier d’une aide supplémentaire aux ménages nivernais très précaires en participant à leurs restes à charge.

Malgré les actions initiées, la situation demeure préoccupante ! En Nièvre, nous avons 100 000 résidences principales pour une population de 205 000 habitants. Certains propriétaires sont des personnes âgées qui ne voient pas l’intérêt d’investir sur le long terme en rénovant les logements qu’ils mettent en location. Il faut aussi tenir compte des risques de conflits entre locataires et propriétaires lorsque des demandes de rénovation énergétique sont faites. Deux tiers du parc locatif privé présente un classement énergie en E, F et G. Nièvre Habitat a lancé, pour sa part, un programme de rénovation énergétique de son parc immobilier, qui date des années 70. Mais, avec les hausses successives des coûts de l’énergie, la rénovation énergétique n’a que peu d’effets sur le montant des factures. Nous devons composer, de plus, avec l’attachement des personnes à leur logement. Certaines préfèrent subir les aléas de l’hiver et de l’été au détriment de leur santé plutôt que de déménager dans un logement plus sain. Il est primordial de mieux prendre en compte cette dimension sanitaire dans la lutte contre la précarité énergétique. Car en investissant dans la rénovation énergétique des logements, les ménages en situation de précarité énergétique pourront alléger de manière significative leur budget santé.

Quelles sont les actions fléchées pour renforcer la lutte contre la précarité énergétique ?

Nous faisons en sorte que les mesures nationales soient mises en œuvre effectivement sur notre territoire et que les EPCI s’en servent bien. De nombreuses communautés de communes nous ont rejoint au niveau du FNAME. Nous espérons que toutes les autres fassent le pas. Nous faisons beaucoup de sensibilisation auprès du grand public afin que les ménages s’adressent en priorité à une structure neutre et indépendante lorsqu’ils ont des projets de rénovation énergétique. Les démarcheurs privés sont un vrai problème, aujourd’hui. Par exemple, des ménages démarchés par téléphone ont changé de fournisseur d’énergie et sont confrontés à la hausse drastique de leurs factures. Et lorsqu’ils reviennent chez le fournisseur historique, ils n’ont plus accès aux tarifs privilégiés !  Les mêmes dérives ont été constatées lors de la campagne d’isolation des combles à 1 €. Nous comptons bien faire remonter ces informations à la Préfecture et demander une action forte contre ces abus. Nous travaillons également avec les entreprises. Depuis un an et demi, nous sensibilisons la FNAIM sur les problèmes énergétiques des logements qu’elle propose en location. Nous sommes en relation avec la Fédération Française du Bâtiment et la CAPEB pour inciter leurs adhérents à assurer la qualité des rénovations énergétiques qu’ils entreprennent. Beaucoup d’entreprises des départements limitrophes ont démarché en Nièvre avec des résultats parfois désastreux !

Ne faudrait-il pas envisager une cellule départementale dédiée qui coordonne les actions et renforce la coopération entre les acteurs sociaux, les collectivités et les autres organismes concernés ?

Cette approche existe déjà de façon informelle au niveau de la FNAME, qui est co-gérée par le Conseil départemental et le SIEEEN. Nous travaillons de concert avec Jean-Paul Fallet, conseiller départemental et président de Nièvre Habitat. Grâce aux rencontres dédiées à la précarité énergétique, nous pouvons toucher les différents acteurs de la lutte contre la précarité énergétique en Nièvre. Nous mettons en place un réseau de correspondants au sein des collectivités et des EPCI. Il faut impérativement que les collectivités locales participent activement à la lutte contre la précarité énergétique car elles risquent, à moyen terme, d’être touchées lourdement. À travers ses actions solidaires, le SIEEEN soutient les collectivités qui rénovent leur patrimoine bâti. Nous pouvons citer, par exemple, l’appel à projets pour la rénovation énergétique haute performance des bâtiments et le groupement d’achat pour l’isolation des combles. Le Syndicat assure une sensibilisation de terrain importante sur l’intérêt de résorber les passoires thermiques et de réhabiliter le patrimoine bâti public. Nous pouvons saluer le travail de l’ALEC qui dispense des conseils et fait une sensibilisation constante, via des ateliers et des animations dans les centres sociaux, sur différentes thématiques liées aux éco-gestes et au décryptage des factures d’énergies, entre autres. La mise en place d’un dispositif tel que le droit à louer, avec une structure neutre, qui valide après visite la possibilité de louer un logement, est une piste qu’il faudrait creuser. Ce serait, me semble-t-il, un bon principe.